Vous la sentez arriver ? La soirée de merde…
Vous venez tout juste d’arriver mais l’ambiance n’est pas comme d’habitude.
Cela fait pourtant 5 ans que vous connaissez l’hôte. Habituellement on se marre bien.
L’ambiance est légère, les petits fours ne sont pas dégueulasses, une partie de chaise musicale et toujours un connard pour passer un Patrick Sebastien parce que « Ho ça va détends toi on rigole ! », mais rien de bien méchant.
Mais ce soir, l’atmosphère est tendue. Tout le monde vous dévisage.
Pas serein, vous vérifiez quand même l’intitulé de l’événement Facebook pour être sûr que vous ne vous êtes pas trompé de soirée.

« Dépendaison de crémaillère », invitation envoyée par François le 01/12/2016.

François n’est pas là, bizarre…
Rien à foutre, on est samedi soir et c’est le seul plan de soirée que vous avez.
Deux ou trois potes finiront bien par arriver et vous avez déjà repéré quelques filles que vous pourriez regretter dès demain matin.
Vous vous concentrez et analysez la situation.
Onze filles sont dans l’appartement.
Potentiellement onze possibilités de choper.
Courage champion !

Première vodka pour vous lancer.

Deux brunes sont assises aux opposés du même canapé.
L’une semble ne pas avoir baisé depuis l’armistice et l’autre vient surement de se faire larguer vu son air de chien battu.
Vous êtes joueur et décidez de vous installer au milieu.
Le cul entre deux coussins et plein de conviction, vous lancez fièrement un « Bah alors les filles, on fait la gueule ?»
Oui, vous êtes un gros lourd.
À ces mots, les deux belles ne se sentent plus de joie et posent simultanément leurs mains sur vos cuisses.
Il semblerait qu’un terrain d’entente puisse être trouvé ce soir.
Pas encore assez saoul pour un plan à trois, vous hésitez.
La main qui vous chevauche la cuisse gauche est rugueuse, la manucure laisse à désirer mais elle semble avoir de la poigne. Vous sentez quand même le mauvais plan arriver.
Capable de sortir un gode ceinture dès que vous aurez le dos tourné.
Cuisse droite, elle manque d’assurance. La peau est douce mais les gestes sont hésitants. À son doigt, plusieurs bagues semblent s’être succédées. La pauvre s’est faite tromper.
Les deux mains s’agrippent, la lutte pour savoir qui des deux tiendra le gouvernail est rude.
Elle n’arriveront pas à s’entendre ce soir et choisir entre les deux vous déchire l’âme.
Il n’est que 22h, bien trop tôt pour les peines de coeur.
Dommage, la fermeté de l’une alliée à l’innocence de l’autre aurait pourtant pu créer l’alchimie détonante de la nuit parfaite. 
Pas le temps pour ces gamineries, vous quittez le canapé et retournez vous servir.

Deuxième vodka pour analyser.

>>> « Il n’y a pas de barres de strip tease, il y a que des petites grosses qui tisent au bar. » <<<

Elles sont au nombre de 6 pour êtres précis. Assises sur des tabourets, elles tentent de prendre de la hauteur en espérant désespérément qu’on s’intéresse à elles.
Votre conscience, métamorphosée en véritable crevarde passé la seconde vodka, vous chauffe pour aborder le banc de touche.
« Au pire tu diras aux autres que t’étais bourré et que tu ne t’en rappelles pas… ».
Bon plan.
Vous vous approchez discrètement pour sonder les belles…
Au bout de quelques minutes, vous vient cette question légitime « Mais qu’est-ce qu’elles foutent là ? »
C’est comme croiser la fille du Bibliobus à la soirée des sœurs Kardashian.
Elles ont surement du être invitées par les divas de la soirée pour paraître encore plus supérieures.
C’est une technique testée et approuvée. Vous aussi avez un pote un peu moche avec qui vous aimez sortir car il vous met en valeur.
Mettre du poids de l’autre côté de la balance fait obligatoirement monter le côté opposé.
Vous commencez à être saoul mais surement pas assez pour rentrer au bras de la petite grosse toute droit sortie du défilé Kiabi de la Fashion Week.
Autant dire que ces six là n’ont que très peu de chance de conclure ce soir. 
Triste réalité.

Troisième vodka pour espérer.

Moment de grâce. Vos regards se croisent alors que vous traversez la pièce au ralenti pour attraper le dernier Apericube goût jambon. Malgré la foule de prétendants qui entoure la reine de la soirée, vous le savez, le « eye contact » a bien eu lieu.
Votre cœur s’emballe. Et si c’était la bonne ?
Vous visualisez déjà le repas de famille dimanche prochain, arborant fièrement votre nouvelle compagne devant vos parents médusés face à tant de beauté.

Quatrième vodka pour trouver le courage.

 

Vous tentez de vous frayer un chemin à travers les partisans qui encerclent la muse.
La scène est christique.
Elle continue de vous lancer des regards coquins et amusés.
Vous savez que les autres ne comptent pas. Elle est là pour vous. Uniquement vous.
Arrivé à son niveau, vous plongez votre regard dans ses yeux bleus.
C’est intense.
Elle embrasse le mec à votre droite.

Vous restez planté là comme un con, vous ne comprenez pas ce qu’il vient de se passer.
De retour face à vous, elle attrape la main du mec à gauche et l’emmène dans la cuisine.
Quelle trainée ! Elle ne mérite pas le poulet dominical de votre mère.
Vexé, vous retournez vous saouler.

Cinquième vodka pour oublier.

Cette soirée est un enfer.
On joue avec votre cœur et vos couilles.
On manipule vos sentiments.
Vous êtes seul.
Seul mais pas résigné ! Vous aller rentrer accompagné ce soir !
Vous êtes totalement ivre et prêts à tout. Au diable les critères de beauté et la conversation.
Vous décidez de ramener la première qui osera croiser votre regard.
Ha ! La vieille bourgeoise mal baisée. Elle a une gueule à faire de la chasse à courre mais parait être une cible appropriée vu l’état actuel de la soirée
Vous approchez d’elle en titubant. Au moment d’engager la conversation, elle se retourne pour attraper son manteau et quitte la pièce.
Décidément…
Ha ! La revoilà. C’est le moment où jamais !
Elle récupère son sac à main à 400€ oublié sur le fauteuil et se tourne enfin vers vous.
Même pas besoin de parler, elle est surement aussi saoule que vous et va vous proposer de l’accompagner chez elle sans même avoir à faire semblant de vous intéresser à sa passion pour les chevaux.
« T’as pas 10 balles pour un uber ? »
Connasse… D’un judicieux geste du majeur, vous lui faites comprendre qu’elle n’a qu’à revendre la fermeture éclair de son sac pour se payer le permis de conduire et s’encastrer dans le premier platane venu.

Sixième vodka parce que plus rien à foutre.

 

Il ne reste plus que la blonde qui squatte dans la salle de bain depuis le début.
Jusque ici elle s’est faite discrète et a attendu le dernier moment pour récupérer tous les mecs défoncés de fin de soirée.
Elle est fourbe mais sûr de se faire lever. 
Vous la dévisagez, le regard livide. Vous avez beau chercher, mais non.
Rien ne se passe.
Elle ne parviendrait même pas à exciter un curé privé de kermesse.
Vous décidez de garder le peu de dignité qu’il vous reste.

Vous voila maintenant enfermé dans les toilettes. Face à vous même.
Comme prévu, c’était bel et bien une soirée de merde.
Mais il va falloir prendre une décision. Vous n’avez pas fait tout ça pour rien, vous allez choper ce soir.
C’est un devoir que vous avez !

L’histoire ne raconte pas sur qui votre dévolu s’est jeté ce soir là, ça ne regarde que vous. 
Mais sachez que nous sommes fières de tous les efforts que vous avez fournis lors de cette soirée. Votre décision n’a peut être pas été la meilleure mais vous et vous seul avez décidé qui allait vous enfiler toute la nuit.
Toutes nos félicitations !

NDLR : Toute ressemblance avec la situation politique actuelle de notre pays n’est que le fruit de votre imagination. Nous nions toute responsabilité.