Lorsque l’on pense à la Côte d’Opale, on imagine les bains de pieds à Malo, les parties de pêche à la moule ou bien encore l’aquarium de Nausicaa. Par habitude, ce morceau entre terre et sable nous évoque les plaisirs d’un été qui traine, ou au contraire de tempête faisant chahuter les ferrys traversant la Manche. La Côte d’Opale se longe, l’oeil rivé vers ses jolis coins de nature et vers les stations balnéaires. Nous avons ici pris la route pour la savourer autrement. Finies, ou presque, les glaces à l’italienne et les marques de bronzage (oui, bon, on abuse un peu pour le bronzage…). L’appareil photo toujours en main, il est temps pour nous d’aller chercher le béton, la rouille et les marques que l’Homme a laissées ici et là. Vous l’aurez compris, nous avons enlevé les tongs et enfilé une paire de chaussures bien solides pour faire un peu d’urbex, là où on ne l’imagine pas.

mur délabré
© Nico Bnv

Au nord, tout au nord du Nord, Dunkerque. Ah Dunkerque, son carnaval, Jean Bart et sa cité. Comme toutes les grandes villes côtières, Dunkerque fut détruite pendant la seconde guerre mondiale. Les passionnés d’architecture se régaleront des lignes et des perspectives qu’offrent actuellement cette ville. De l’ancien au récent, Dunkerque fait la part belle à un ensemble urbain photogénique à souhait. Baladez vous, et vous verrez… Du F.R.A.C au port, des centaines de clichés sont à pourvoir. En continuant au sud, vers le port industriel, quelques hangars à l’abandon vous accueillent à portes ouvertes. Un ancien complexe de logements destinés aux employés d’un groupe industriel vous occupera pendant plusieurs heures si vous le voulez. Il est composé d’un bâtiment principal, probablement destiné à accueillir des réceptions, et d’un ensemble de maisons identiques les unes aux autres. Au centre, un terrain de tennis et une balançoire seront bientôt recouverts par les plantes grimpantes. Mais nous sommes vites partis, effrayés par des cris d’enfants venus de nulle part…

© Nico Bnv

Nous avons rejoint l’A16, l’autoroute des anglais qui filent vers Calais prendre un train ou un ferry. Nous les suivons. En chemin, nous passons devant une aire d’autoroute fermée définitivement depuis quelques années. Il parait qu’il est possible d’y accéder par d’autres chemins. Essayez donc, n’est ce pas ça l’urbex?

Nous arrivons à Calais et nul n’ignore les événements récents qui ont eu lieu ici. Après un détour vers les différentes oeuvres qu’a semé Banksy, nous cherchons des lieux à explorer… Et plus nous explorons la ville à la recherche d’une porte ouverte, d’un lieu laissé à la liberté du temps, plus nous nous rendons à l’évidence. Plus vite qu’ailleurs, à Calais, les portes se sont refermées. Les anciennes usines de fabrication de dentelle, qui doivent regorger de trésors; ont les entrées et les fenêtres couvertes de plaques métalliques. La moindre petite maison à l’abandon est rapidement repérée par la municipalité qui a demandé aux habitants d’être vigilants sur ce point. Qu’à cela ne tienne, à défaut d’exploration urbaine, vous pourrez à Calais voyager à travers le monde en faisant de l’exploration humaine.

 

Fuck the wall
© Nico Bnv

Boulogne, au loin nous appelle déjà. Nous longeons donc la côte et croisons des monstres de béton armé. Plantés là pour faire face à un éventuel débarquement allié au début des années 40, les blockhaus sont pour la plupart restés. Vous pourrez en découvrir par dizaine sur la côte, l’un recouvert de miroirs par un artiste « Anonyme », certains échoués dans l’eau, d’autres surplombant les falaises. Entre Audinghen et Audresselles, la batterie Todt est monumentale. A l’intérieur, les inscriptions nazies résistent au temps, et cette fois nous aurions peut être eu envie du contraire.

Villa désaffectée
© Nico Bnv

Perplexes, nous remontons à bord de la voiture en direction du sud. Les villas se succèdent, parmi elles, certaines périssent tendrement. Il vous faudra un peu de bonne volonté, et de patience pour les trouver et les visiter, mais vous pouvez vous y essayer.. Boulogne, premier port de pêche pendant des décennies s’étale devant nous. La pêche, justement, a laissé son empreinte sur la ville. Elle fait encore vivre de nombreux habitants et un quartier de la ville lui est dû : Capécure. En constante évolution, des hangars immenses se visitent. Les odeurs y sont fortes, rances. La rouille omniprésente. Dans le prolongement de ce quartier, vous trouverez pour quelques temps encore l’ancien terminal transmanche de l’Hovercraft, cet aéroglisseur qui traversait la manche. L’Hoverport (nom donné au terminal) a accueilli des millions de passagers. Il serait bientôt réhabilité et les accès commencent à être bouchés, dépêchez vous donc…

Bâtiment désaffecté
© Nico Bnv

Nous entendons à nouveau la mer. Nous ne l’avons jamais vraiment quitté pourtant, mais nous l’avions presque oublié dans ces décors inattendus. Un conseil, foutez les tongs au placard, enfilez vos grosses godasses et allez vous faire peur rapidement.

 

BATS TOI
© Nico Bnv

 

Urbex
© Nico Bnv