Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine, la moindre Keynote d’Apple était un moment de joie pour des tas de geeks du monde entier. Un mec en col roulé noir montait alors sur scène, et nous présentait ce qui allait vraisemblablement révolutionner notre quotidien dans les semaines et mois à venir. Bien évidemment, les produits Apple n’ont jamais été tout public (tarifs élevés, gaming inexistant, etc.) mais force était de constater que chaque professionnel de l’image ou du son (voire des deux) y trouvait généralement son compte. Oui mais ça, c’était avant…

Le syndrome Microsoft

Depuis, Apple a bien grossi, et s’est adressé à de tout autres publics. Adios, les Mac Pro mis en avant comme le graal du motion designer ou du final cut killer, et bonjour, les produits surévalués (coucou, Beats) pour un ciblage marketing beaucoup plus large. Tu vois, ce mec dans ta boîte qui ne jure que par Mac, alors qu’il est comptable et qu’il bosse à 95% du temps sur Excel ? Cette chargée de production qui n’utilise que Chrome et Mail mais a investi dans un MBP haut-de-gamme ? Ce stagiaire en école de commerce qui a installé un Photoshop cracké et n’a jamais été foutu de produire quoi que ce soit dessus ? C’est exactement ce type de dindon que vise maintenant Apple. Quitte à se mettre à dos ses fan boys de la première heure. C’est typiquement ce qui s’est passé avec Microsoft, qui était au top de l’innovation dans les années 80-90, et qui est passé au statut de « boîte tellement ringarde qu’elle embauche Steve Ballmer comme CEO ».

Steve « La Win » Ballmer

Une innovation en stand-by

Steve « Woz » Wozniak nous l’a bien dit, Apple, c’est fini… Enfin il a pas vraiment dit ça, mais il a souvent pointé du doigt le manque d’innovation de la marque pommée.
« Woz » est, pour rappel, le petit gros barbu co-fondateur d’Apple. Si je devais vouer un culte à un mec sur Terre, je pense qu’il ferait largement partie de mon top 3. Il est visionnaire (même s’il s’est planté parfois, comme lorsqu’il avait prédit le succès de l’Apple Watch), en plus d’être un véritable génie de l’informatique et de l’électronique. On lui doit l’Apple I, l’Apple II, l’Apple III. Même s’il touche un salaire annuel honorifique de la pomme (US $120 000$, pas grand chose !), il a su conserver son indépendance et n’hésite pas à tailler lorsque c’est nécessaire. Comme quand Apple a décidé de supprimer la prise Jack de ses iPhone, et de nous faire avaler la couleuvre à grands coups de « c’est une révolution ».

Pourquoi vous devriez vous casser une jambe plutôt que de craquer pour le MacBook Pro 2016

MacBook Pro 2016 Touch Bar
MacBook Pro 2016 : un joujou dans les 2500€ aussi utile qu’un four à pain

Le dernier MacBook Pro, qui s’est fait attendre comme une Paris Hilton à un repas de gala, a été une énorme déception. Tarifs élevés (ok, on attendait rien d’autre sur ce point), composants soudés (coucou, l’évolutivité), un gadget à 300$ inutile pour les pro (le « touch sensor ») et surtout un choix de connectique qui laisse totalement rêveur : des connecteurs usb-c, et… C’est tout. Adieu, magsafe aimanté-qui-a-sauvé-ton-ordi-des-milliards-de-fois-d’une-chute-mortelle, on va charger le portable à 2000€+ avec un câble USB-C. Elle est pas belle la vie ? Soit, ce sera peut-être le format qui fera autorité dans les prochaines années. OK. Mais d’ici là, comme on aura sans doute des voitures autonomes à hydrogène, on a, pour le moment, besoin de chauffeurs. Et dans le cas d’Apple, d’adaptateurs. Une pléthore d’adaptateurs. Genre, des millions d’adaptateurs. Besoin de connecter un « simple » écran HDMI à votre Mac ? Adaptateur. Une collègue vous file sur clé USB un fichier Photoshop trop lourd pour être transmis par mail ? Adaptateur. Vous avez pris des tas de photos lors de votre dernier voyage à NYC, et souhaitez les transférer depuis la carte SD ? Adaptateur. En bref, votre laptop sera peut-être plus fin, plus joli, plus classieux… Mais vous allez vous trimbaler une valise de dingue pour assurer au quotidien au boulot. Vivement 2023 que l’USB-C devienne le standard, hein !

D’ailleurs, si vous avez craqué pour l’iPhone7 noir de jais (beau gosse), il vous faudra acheter un nouveau câble USB-C/lightning. Aucun effort de la marque californienne à ce propos. Non, arrêtez de faire les crevards, n’insistez pas.

Une communication Open Bar

A l’époque Steve Jobs, chaque produit qui sortait était une véritable surprise. Quelques sites spécialisés, comme Apple Insider, réussissaient alors à recouper les nombreuses rumeurs pour connaître, à peu près, les nouvelles spécificités de l’appareil concerné, sans jamais y arriver à tous les coups. Steve Jobs était réputé pour être un vrai dictateur intraitable là-dessus, et n’hésitait pas à couper les langues trop pendues, façon thug napolitain. Aujourd’hui, c’est open bar à tous les étages. On connaît des mois à l’avance les « innovations » (qui ont souvent été proposées par les Chinois de Huawei ou Xiaomi des semaines avant), et tout est public avant l’heure de la précieuse Keynote. L’abandon de la prise jack sur l’iPhone 7 ? Tout le monde le savait. Les (uniques) ports USB-C sur le MacBook Pro 2016 ? Idem. Et le pire dans tous ça, c’est que les rumeurs sont désormais prises pour argent comptant, car elles se vérifient lors de la sortie du iBidule en question. Dans la famille « je n’ai aucun secret », je voudrais la fille, svp.

Les alternatives


Pour l’instant, rien de très concret. Microsoft a sorti la Surface Studio, qui a l’air très prometteuse… Et pour un prix somme toute raisonnable (à partir de 2300$), on peut se retrouver avec une bécane qui intègre des avancées réelles, et pas juste un processeur plus rapide / des ports physiques en moins / un prix au dessus de la mêlée. Le seul problème, c’est l’OS. En effet, si Apple a encore une très large longueur d’avance, c’est grâce à son système d’exploitation. Au final, on souhaite sincèrement à la firme de Cupertino de revoir, le plus rapidement possible, son positionnement actuel… Car même si Apple est encore assise sur un véritable tas d’or, il y a fort à parier que les utilisateurs se barreront chez le premier constructeur qui leur proposera une alternative, plus en adéquation avec leurs besoins réels, et sans le goût amer de passer pour un réel dindon. Je vois pas l’intérêt de financer une firme qui investit plus dans la décoration classieuse de ses boutiques (coucou, l’Apple Store de Lille) que dans sa R&D. Et force est de constater que l’innovation est partout, mais plus chez nos copains californiens qui nous faisaient rêver avant. Microsoft se réveille doucement, Xiaomi grignote le marché à grands coups de produits hi-tech et low-cost… Bref, on risque de se régaler dans les années à venir !