Les Tilleuls… Ca pourrait être le nom d’une maison de retraite, ou d’un bar à Wazemmes pour écluser les bières. Les-Tilleuls.coop, c’est surtout le nom d’une boîte qui a su allier une technicité de gueudin avec un véritable projet social. Sérieux, ces mecs ont réussi, à leur niveau, ce que peinent à faire nos politiques depuis 20 ans. On te raconte tout, bouge pas.

Basée au cœur de la « French Tech » lilloise, la société « Les-Tilleuls.coop » a vraiment un petit truc en plus. Est-ce que c’est parce que leur domaine d’expertise en fait une boîte où les clients se bousculent et où la pression de la conquête commerciale est moins forte qu’ailleurs ? Est-ce que c’est grâce à leur modèle social ? Nous avons rencontré leur CEO, Kevin Dunglas et Cécile Hamerel (chargée de projet et responsable de la communication) pour tenter d’en savoir plus. Ils ont l’air de tout, sauf d’informaticiens coincés. Rouflaquettes et jean délavé… dans une autre vie, on les aurait facilement imaginés faire carrière dans le punk-rock.

En apparence, une société des nouvelles tech’ comme toutes les autres…

De premier abord, Les Tilleuls.coop ressemble à toutes les boîtes des nouvelles tech’ qu’on pourrait trouver dans le Nord. Un bureau plutôt classe, au cœur d’Euratech, déco sobre et éclairage agréable dans l’open space. Des barbus en tee-shirt et baskets pianotent sur leurs Macbook Pro respectifs, au dos desquels de nombreux stickers sont collés. « Symfony », « AngularJS », « SensioLabs »… Autant de références à leurs compétences en développement. L’ambiance a l’air réellement détendue, et on a beau tenter de déceler le moindre petit accroc entre les salariés, ça a vraiment l’air de rouler entre eux. Pour ceux qui bossé dans des boîtes de ce style, on sait à quel point la pression peut parfois amener les collaborateurs à se tirer dans les pattes, quand ce n’est pas se menacer ouvertement. Toujours avec ce vernis de la « coolitude » inhérent aux startups et aux sociétés de la « nouvelle économie », comme l’appellent les politiciens en costard, les banquiers, et toutes ces personnes incapables de comprendre comment ces génies en Adidas gagnent de l’argent. Ce n’est pas le cas ici, et c’est peut-être ce qui pousse les collaborateurs des Tilleuls à rester dans cette boîte, quand le turn-over des SSII n’a jamais été aussi élevé.

… Une structure diamétralement opposée !

Olivier et Kévin
Olivier et Kévin (CEO), deux branches solides chez Les-Tilleuls.coop

Kévin revient sur l’histoire de la société. Le projet, pondu à la base par 3 copains qui partagaient un coworking à Marcq-en-Baroeul, a évolué plutôt vite. En trois ans d’activité, ce sont désormais 18 personnes qui composent Les-Tilleuls.coop.Olivier et Kévin (CEO), deux branches solides chez Les-Tilleuls.coop Et non, ils n’ont pas levé des millions d’euros en vendant un énième objet connecté ou un énième concept pété de startup. Ils ont « simplement » développé leur activité, poussé leurs compétences, donné des conférences à des développeurs au moins aussi tarés qu’eux. Et ils ont réussi un pari malade : rendre chaque salarié propriétaire, pour une part, de la boutique.

Autogestion et collaboration active

Les Tilleuls.coop, ce n’est pas exactement l’idée qu’on se fait d’une entreprise « rentable ». Pas de mec en costume-cravate pour gérer les bilans financiers, pas de bureau en ronce de noyer pour le CEO ou de voiture de société démesurée. Pourtant, force est de constater que l’entreprise tourne, et même plutôt bien. Les comptes sont sains, avec une marge de sécurité « au cas où », et surtout… Les salariés ont l’air heureux. Kévin Dunglas explique alors ce qui fait, selon lui, la clé du succès : « chaque salarié possède une part sociale, qui lui donne une voix au Conseil d’Administration ». Dans les faits, cela signifie que quiconque est embauché là se voit proposer une prise de participation, et devient collaborateur au bout d’un an maxi. De ce fait, chacun a ici son mot à dire. Fait surprenant, les rémunérations sont discutées et votées collégialement. Oui, même celle du boss ! Aussi, tous les aspects techniques sont décidés démocratiquement. De plus, les bénéfices sont répartis équitablement entre tous les opérateurs. Oui, tu as bien lu. Autant dire que pour eux, c’est la grosse teuf tous les ans en fin d’année, à l’heure du bilan.

C’est le principe de la SCOP (Société Coopérative et Participative), et c’est pas souvent appliqué dans les nouvelles tech’. En tout cas, c’est l’essence de l’esprit du logiciel libre, si cher à des mecs comme Richard Stallman (initiateur du projet GNU).

Innovation sociale, technologique et économique

Adhérent à la CNT (Confédération Nationale du Travail), un syndicat réputé « anarcho-syndicaliste » et libertaire, Kévin Dunglas semble appliquer dans son environnement de travail ses valeurs personnelles et individuelles. Le projet de l’entreprise met d’ailleurs 5 principes en avant :

  • l’autogestion
  • l’économie solidaire et sociale
  • le partage des connaissances
  • l’équité sociale
  • la lutte contre les discriminations et l’exclusion

En plus d’une gestion des ressources humaines très novatrice, le cœur de métier des Tilleuls est basé à 100% sur le logiciel libre. Les Tilleuls se situent à la deuxième marche des plus gros contributeurs au développement de Symfony. Cela place directement cette société à la pointe de l’innovation technologique, social et économique !

Des commerciaux, pourquoi faire ?

L’avantage, quand on pousse son domaine d’expertise au point de devenir une référence, c’est que le bouche à oreille fonctionne bien. Tellement bien, qu’ici, il n’est nul besoin de commerciaux, puisque les clients se refilent entre eux le bon filon. Du coup, pas besoin de commerciaux pour démarcher, la croissance est déjà assez au rendez-vous. Kévin explique quand même qu’ils envisageront peut-être un jour d’en embaucher, mais ce n’est pas à l’ordre du jour.

On souhaite beaucoup de succès à cette entreprise, et on ne manquera pas de relayer leurs différentes actus. D’ailleurs, au passage, ils embauchent des développeurs Symfony et React à Lille, Amiens, Paris et Londres. A vos CV !